Histoire :

I. Where do I begin ?

Ki O naquit par une froide nuit d’automne, le 22 Septembre 1984. Son père, un émigré taïwanais du nom de Ong Fu Hwai, détient la seconde fortune du pays, et est le PDG de la Global Flux Tech : une puissante entreprise leader dans le secteur du numérique, des nouvelles technologies et de la robotique. Sa mère, Han Na Lae, est une femme originaire de Séoul, au passé trouble et dont le charme et la beauté n’ont d’égal qu’à la cruauté et la cupidité. En effet, elle a déjà mis en terre deux maris, morts des suites d’une crise cardiaque dans d’étranges circonstances, alors qu’ils étaient en parfaite santé. Si Monsieur est complètement fondu d’amour pour sa femme, cette dernière quant elle, n’a pas épousé son mari pour ce qu’il était, mais plutôt pour ce qu’il représentait : le pouvoir et l’argent. Toujours est-il que Monsieur Ong est le plus heureux des hommes, car non seulement sa descendance est assurée, mais en plus il s’agit d’un garçon. Il sera donc amené un jour, à le remplacer à la tête de l’entreprise familiale. Ah oui, vraiment ? Han Na Lae ne l’entend pas de cette oreille. L’intrigante femme a en effet de tout autre desseins pour son fils. Ci-tôt qu’elle eut le nourrisson dans ses bras, la native de Séoul vit en lui la poule aux œufs d’or. Il aura tout ce dont elle a toujours rêvé sans jamais l’avoir : la célébrité, la renommé et la gloire. Et lorsque son rejeton sera au sommet, il l’associera tout naturellement à cette victoire. A peine né que déjà monts et merveilles d’espoirs radicalement opposés, reposent sur le frêles épaules de Ki O. Trois ans plus tard, en 1987, le petit garçon devient orphelin de père. Joyeusement veuve, sa mère a à présent le champs libre pour élever son fils comme elle l’entend. Mais aussi, et surtout, la voici à présent à la tête d’un immense empire industriel et financier. Empire qui aurait dû, selon les volontés testamentaires de son défunt mari, revenir à son fils le jour de ses dix-huit ans. Chose qui, on s’en doute au vu du caractère de celle que l’on surnomme la « Dame de fer de Séoul », ne sera jamais faite.

II. Shut up and walk

Bien qu’elle trouve que son fils soit le plus bel être que cette terre n’ait jamais porté, Han Na Lae est toutefois peu encline à lui laisser les commendes de l’entreprise familiale. Il faut bien le dire, la « mante religieuse » considère que son enfant est bête à manger du foin, et est tout bonnement incapable de diriger avec autorité et fermeté une entreprise du calibre de la Global Flux Tech. Toutefois, en sempiternelle calculatrice qu’elle est, la business woman a eu l’intelligence d’esprit de faire quelques compromis, s’évitant ainsi les affres d’une houleuse guerre du succession mère/fils. Le deal fut le suivant. Ki O renonça à la direction de l’entreprise en échange d’un pourcentage, plutôt rondelet, des parts de celle-ci. De plus, il devint le visage ainsi que l’égérie de la marque. Enfin, histoire de bien arrondir les angles, Han Na Lae le nomma Président d’Honneur de la société. Fort heureusement, il y eut tout de même, avant ces sales histoires de pouvoir et de gros sous, un temps où les maîtres mots étaient innocence, ingénuité et naïveté. Celui de l’enfance et de l’adolescence, évidemment. Ayant grandi dans les quartiers chics de la capitale, le moins que l’on puisse dire c’est que Ki O ne manqua de rien. Sur le plan matériel, entendons-nous bien. Sur le plan affectif en revanche, là c’est une toute autre histoire. Très vite, sa mère lui inculqua le goût du luxe, des belles choses et du paraître. Avant même qu’il ne fut en âge de marcher ou de parler, le petit bambin écuma les castings, sous l’œil aiguisé de sa mère vaillant au grain, et traitant plus son enfant comme une bête de concours, qu’un être humain à part entière. Vous voyez le bébé de la version coréenne de la pub Bébé Cadum ? Eh bien, c’était lui ! Spots publicitaires, shootings pour promouvoir une collection de prêt à porter : bref tout est bon pour se faire une place au soleil. Les petits ruisseaux font les grands fleuves, c’est bien connu. En dépit d’un petit côté insolent, prétentieux et arrogant, le petit garçon rencontra un relatif succès à la fin des années 80, ainsi qu’au tout début de la décennie suivante.

III. Give me some freedom

En outre, le jeune garçon dispose d’un caractère … bien trempé. Il est vrai qu’avec une mère qui n’a de cesse de vous glorifier, de chanter vos louanges et de vous porter aux nues, on obtient inévitablement une personnalité très pédante, altière et autocentrée. La confiance en soi et l’assurance sont loin d’être des choses lui faisant défaut. Pour Madame Han, rien n’est trop beau pour son fils unique. A ce titre, il est donc inconcevable pour cette mère que son enfant se mêle à la « populace ». Ki O grandit donc en vase clos, sous la houlette des plus grands précepteurs du pays. Car oui, aux yeux de la nouvelle Présidente Directrice Générale de Global Flux Tech, un corps d’éphèbe que l’on jurerait taillé dans le marbre : c’est bien. Ajoutez à cela une tête bien faîte, c’est encore mieux. L’un dans l’autre, ce n’est sans doute pas plus mal que l’unique héritier de la deuxième puissance industrielle du pays, reste calfeutré dans sa prison dorée aux allures de tour d’ivoire. De fait, Na Lae s’est très vite rendue compte que sa petite merveille était … pour le moins spéciale, dirons nous. En effet, depuis sa naissance Ki O est hypermnésique. Il est capable de se remémorer clairement et distinctement, le moindre petit détail de sa vie. Sachant qu’il était, et qu’il est toujours, très dangereux pour les êtres « différents » de vivre à Séoul, la mère préféra garder son fils captif en le coupant de tout contact avec le monde extérieur, jugeant que c’était là la meilleure façon de protéger son « chef-d’œuvre ». Cependant, l’adolescence faisant, la maman tigre se heurta au désir d’émancipation de sa progéniture, et due finalement se résoudre à quelque peu lâcher la bride. Quatorze ans. Ce fut à cet âge que l’adolescent sortit enfin de sa cage, pour découvrir le monde qui l’entoure. Très vite, Ki O ne tarda pas à se composer un petit cercle très fermé et sélecte d’amies. Des adolescentes de son âge. Des filles à papa et des langues de vipère, avec lesquelles il dévalise les boutiques, le tout bien évidemment avec la Gold Master Card de maman.

IV. Against the odds

Leur passe temps favoris ? En faire voir de les couleurs, martyriser et médire sur compte de ceux et celles qu’ils appellent les « Ugly People ». Bref, des jeunes gens tout à fait charmants. Ahem ! Ce fut également à cette période, qu’il se découvrit être beaucoup plus sensible aux charmes de la gente masculine. Les œillades et les sourires de ces messieurs, ont en effet toujours eu de cesse de le faire chavirer. Pendant un temps, il tenta de le cacher à sa mère. A l’époque, et encore un peu aujourd’hui, l’homosexualité était très mal perçue en Asie, surtout en Corée du Sud. Lorsqu’elle l’apprit, Han Na Lae n’en voulut pas du tout à son fils. Au contraire, elle fut même aux anges. C’était là le sésame qui ouvrirait en grand à son fils, les portes du monde de la mode. Elle lui donna également un conseil pour le moins effarant. « Prend tout ce qu’un homme peut t’apporter, et débarrasse-t-en au plus vite avant qu’il ne devienne un boulet attaché à tes chevilles. ». Un conseil qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, puisqu’en amour, l’héritier jette comme il prend. Briser des cœurs ou faire de la peine, c’est bien là le cadet de ses soucis. En grandissant, celui qui se voit déjà muse des plus grands couturiers, suit par correspondance des cours à la FAC en Art du Design et de la Mode. Son diplôme décroché haut la main à tout juste vingt-et-un ans, Ki O court les castings et poursuit en parallèle les shootings photo de petites envergures. Il est vrai que l’enfant terrible de la mode a eu énormément de mal à percer en Corée. On lui reproche un physique trop masculin et trop viril, ainsi qu’un visage austère et sévère. La mode étant aux hommes androgynes aux faciès de poupon, et pesant cinquante kilos tout mouillé. Blessé dans son orgueil et sa fierté, le dernier descendant de la longue lignée Ong en voudra toujours aux grands noms de la mode coréenne, pour ne pas avoir crû en lui et lui avoir donné sa chance. Dès lors, il nourrit une haine sans nom envers ces lanceurs de tendance, et jure de le leur faire payer lorsque sa carrière sera à son apogée.

V. From dust to lust

A contre cœur, il se résout à accepter la proposition d’une agence de mannequin à Tokyo, et part s’installer au Pays du Soleil Levant. A la fin des ninetys et au début des années 2000, on le retrouve à la une de petites publications telles que Vivi, Kawaii, Steady et Oceans pour ne citer qu’eux. Rapidement repéré pour son physique détonnant et très occidental, il se voit alors proposer les couvertures de papiers d’un tout autre standing comme GQ, Men’s Uno, Esquire, Elle Men, Vogue ou encore Bazaar. Les créateurs du sud-est asiatique ne tardent alors pas à lui faire les yeux doux. En Chine, au Japon, à Hong Kong et même en Malaisie, on se l’arrache lors des défilés Printemps-Eté et Automne-Hiver. Le jeune homme prend cependant grand soin de refuser les appels du pied, des marques de l’habillement coréennes. C’est encore trop tôt à ses yeux. Il n’a en effet pas totalement atteint un statut assez élevé, qui lui permettrait de mettre ces soit disant grands noms à genoux. Son plus grand coup de maître reste sans conteste sa collaboration avec la maison Louis Vuitton, au milieu des années 2000. Ki O a en effet réalisé un exploit sans précédant, puisque avant lui, aucun asiatique n’avait été l’égérie de la prestigieuse marque française. Cette aventure fut pour lui un formidable tremplin, qui lui conféra une renommé mondiale, et qui lui donna accès au tant convoité statut de Top-Model. Aujourd’hui encore, il reste en très bons termes avec Nicolas Ghesquière, et les hauts dirigeants de Louis Vuitton. Lorsqu’il s’agit d’assurer la promotion des collections pour le marché asiatique, c’est toujours vers lui que la célèbre marque de maroquinerie se tourne. Fort de ce succès et de ce nouveau rang, le natif de Séoul voit dès lors les portes des grands noms de mode, qui l’ont tant fait rêver quand il était petit, s’ouvrir en grand devant lui. Chanel, Dior, Givanchy, Jimmy Choow, Louboutin et j’en passe. Tout ces ténors du luxe et de la haute couture, Ki O a au moins une fois défilé ou posé pour eux.

VI. All shine on top of the world

Ca y est, la voici la consécration tant attendue. Preuve en est, il est selon le magazine Forbes, le mannequin masculin le mieux payé au monde en 2016. Dans les années 2010, le mannequin estime qu’il est temps pour lui de lever le boycott ainsi que l’embargo qu’il a imposé aux créateurs sud-coréens. Il n’a cependant pas oublié la façon dont ces derniers l’ont traité jadis, et il entend bien prendre sa revanche. Oui, le jeune homme culminant à un mètre quatre-vingt treize a la dent dure et la rancune tenace. Ils le veulent ? Ils le réclament ? Eh bien, ils vont devoir débourser ! La liste de ses desiderata, a d’ailleurs de quoi donner le vertige. Des cachets faramineux, une assistante personnelle, un chauffeur, un garde du corps, une masseuse, une acupunctrice, un coach sportif … . Ki O y va de bon cœur, et multiplie les caprices de diva. Il faut dire que sa notoriété et sa popularité, le lui permettent. On se met en quatre pour satisfaire le moindre de ses désirs, de peur qu’il plante au dernier moment un shooting ou un défilé. Ce qui est certain, c’est que depuis son retour à Séoul, Monsieur Global Flux Tech divise plus que jamais. Certains l’adorent, d’autres l’abhorrent. Il n’hésite d’ailleurs pas à répondre de façon acerbe avec des propos au vitriol, à tout ceux et celles qui ont le malheur de le blâmer ou de brosser un portait peu flatteur de lui. Comme il aime à le dire : « Il y a des gens qui parlent de moi en bien, et il y a des gens qui parlent de moi en mal. Mais le plus important finalement … c’est qu’ils parlent de moi ! ». Ces derniers temps, le selfmade man a dû apprendre à conjuguer avec l’émergence de nouveaux visages bien plus jeunes que lui, et tout aussi ambitieux. Fort heureusement, ils sont encore loin de lui faire de l’ombre et de totalement l’éclipser. A la différence de tout ces néophytes, le Top possède l’expérience et l’assurance. Il sait mieux que quiconque ce qu’il faut donner sur un podium, ou devant l’objectif. Toutefois, c’est un fait, les rentrées de Wons sont nettement moins conséquentes qu’avant. Le problème lorsque l’on a goûté à l’ivresse des cimes, c’est que l’on ne veut plus s’en défaire.

VII. I'm not down yet

Hors de question donc pour Ki O, de renoncer à son train de vie byzantin digne d’un Emir du Qatar. Plus. Il lui en faut plus. Et tant pis si pour cela, il doit utiliser des moyens illégaux ou pas très catholiques. Plutôt mourir, que de devoir quitter les hautes sphères. Alors qu’il quittait un énième amant, la solution lui apparut. Il se remémora les paroles de sa mère. Vous vous souvenez ? « Prend tout ce qu’un homme peut t’apporter, et débarrasse-t-en au plus vite avant qu’il ne devienne un boulet attaché à tes chevilles. ». La voilà la solution ! Et puis, étant le fils d’une croqueuse de diamants, il est de bon ton qu’il perpétue la tradition familiale. Prostitution vous dîtes ? Mais non, trop sordide voyons ! Escort Boy : voilà qui fait tout de suite plus chic. A la différence des travailleu(r)ses du sexe, c’est lui qui choisit ses « clients », même s’il exècre ce terme. Il se voit alors remettre des sommes colossales pour accompagner des hommes, et quelques femmes parfois, à des événements mondains en tout genre. Puissants industriels, banquiers d’affaires et même personnalités politiques : il ne vise que le haut du panier. Contrairement à un banal prostitué, c’est lui qui décide si la soirée peut se poursuivre à la phase horizontale, ou non. Cela arrive très régulièrement, puisque dans ces cas là, ses « honoraires » comme il dit, passent alors du simple au double. De la gravure de mode à la Messaline, il n’y a donc qu’un tout petit pas. Pas de doute, Monsieur Ong est de ceux pour qui l’argent n’a pas d’odeur. Des scrupules ? Des remords ? Des regrets ? Pensez-vous ! Ki O n’est guère le type d’homme, qui s’encombre de tout cela. Il croit, sans doute à tort, qu’il peut encore être celui qui est capable de duper le monde entier. Pas si sûr. Depuis quelques temps, les rumeurs autour de sa vie nocturne dissolue enflent. Les choux gras de la presse people ne manquent d’ailleurs pas d’en faire écho, même s’ils n’ont à ce jour aucune preuve concrète de ce qu’ils avancent. Oui, la vie du bellâtre s’apparente en ce moment même à un sacré numéro d’équilibriste. Comme si cela ne suffisait pas, il faut encore ajouter à cela la défiance, voire la haine, que les habitants de Séoul témoignent à toutes les personnes qui, comme lui, ont cédé aux sirènes de l’Occident. Les « traîtres à la patrie ». Pas de doute, l’avenir promet d’être pour le moins … mouvementé !